La très nette victoire de François Mitterrand : Mr Chirac souhaite l'unité de candidature pour les législatives. Mr Barre dénonce ceux qui ont joué à quitte ou double la V e république. Le premier ministre remettra sa démission avant la fin du septennat. Le franc baisse et la plupart des valeurs françaises n'ont pu etre cotées. Des manifestations d'enthousiasme ont eu lieu à Paris et en province.
distancé d'une très courte tete le 19 mai 1974, mr François Mitterrand l'a largement emporté dimanche 10 mai 1981 sur le président sortant ( 51,82% contre 48,17% ).Il a bénéficié tout à la fois de la parfaite discipline de l'électorat communiste, du report massif des voix écologistes et de l'appoint non négligeable, d'une partie de ceux qui avaient le 26 avril, voté pour mr Chirac. aussi le succès du candidat socialiste a t-il aggravé les divisions de la majorité sortante, Mr Barre à mis sévèrement en cause, sans le nommer, Mr Chirac, en dénonçant son role dans la défaire. Le leader du RPR a demandé à ses partenaires de proposer un candidat unique dans chaque circonscription aux législatives qui auront lieu fin juin.
Mr Giscard d'Estaing, a étudié, avec ses collaborateurs, les modalités de la passation de pouvoir en envisageant d'anticiper sur les échéances prévues. le premier ministre a annoncé qu'il démissionnerait avant la fin du septennat. L'annonce d ela victoire du candidat socialiste avait déclenché dans de nombreuses villes en France des manifestations d'enthousiasme dont aucune n'a dégénéré. A la bourse de Paris, l'afflux des ordres de vente, en provenance notamment de l'étranger, a rendu impossible la cotation de la quasi totalité des valeurs françaises.
Le besoin de changement. Les français ont élu leur nouveau président d ela république sans le savoir et sans le dire. Ils ne l'ont pas su faute de connaitre les sondages sur leurs intentions de vote, qui, dans la semaine précédente le second tour du scrutin et alors que la publication en était interdite, annonçaient inéluctablement la victoirte de Mr Mitterrand. Ils n'ont pas exprimé, sinon au dernier moment, dans les urnes, la formidable envie de changement qui les tenaillait. Cette longue campagne qui a précédé l'élection, ils l'avaient suivi avec attention, mais sans passion. Sans élan, en tout cas, par comparaison à la vague qui avait porté Mr Giscard d'Estaing en 1974 et à la mobilisation comparable de l'union d ela gauche derrière Mr Mitterrand. Pourtant, malgré la lassitude à l'égard de la politique qu'avaient provoqué la rivalité et les dissentions internes de la majorité et de l'opposition de gauche, depuis 3 ans, malgré un discours officiel anesthésiant et efficacement relayé, quelque chose était en train de bouger dans le tréfonds national.
Les raisons de l'échec. Un homme jusque la protégé du destin a trébuché dimanche. après avoir parcouru à grandes enjambées la hiérarchie des honneurs, après avoir conquis un à un tous les titres de la république, après avoir paru toujours gagner sans jamais souffrir, Mr Valéry Giscard d'Estaing a connu une défaite douloureuse. Le voici, son premier échec. il est à la mesure de ses réussites antérieures, d'une certaine manière, magistrale. La victoire de 1974 avait été acquise de justesse, c'est aujourd'hui la déroute. Celui qui avait pendant des années accumulé les sans fautes, se trouve soudain terrassé au terme d'une partie apparemment jouée correctement mais dont on devine maintenant les erreurs. mais comment savoir que l'on est en train de perdre qu'il s'agisse du déroulement d'un septennat ou de celui d'une campagne éléctorale ? En ce qui concerne le septennat, le doute n'était apparu que fort tard, et encore furtivement. C'était en décembre dernier, après des élections législatives partielles qui avaient marqué la fragilité de l'électorat giscardien. la suite de l'article du journal de naissance le monde du 12 mai 1981 est a retrouvé en page 2.
Le succès et l'avenir. L'élection de François Mitterrand à la présidence de la république, c'est d'abord la victoire de l'alternance, c'est à dire de la démocratie. Depuis vingt ans et plus, une meme famille d'esprit était, sans partage, au pouvoir. Une autre vie va lui succéder. Une grande partie du pays, et en première ligne les classes les moins favorisées et sa jeunesse vont enfin, souhaitons-le, se sentir mieux aimées, mieux comprises, mieux représentées, mieux défendues. L'élection de Mr Mitterrand, c'est aussi le succés personnel d'un homme qui avait échoué de justesse en 1974, mais n'a jamais renoncé et l'a emporté grace a son courage, à son intelligence, à son talent. malgré une campagne effrénée et pour finir, mensongère de son adversaire. La victoire de François Mitterrand, c'est encore et tout naturellement, celle d'un aprti nouveau qu'il a bati avec foi, mais aussi celle de toute la gauche, qu'il a finalement rassemblée et, au dela d'elle, de tous ceux qui, las d' un pouvoir à court d'idées, aspiraient au changement. Cette victoire, c'est enfin celle du respect sur le dédain, du réalisme sur l'illusion, d ela franchise sur l'artifice, bref, celle d'une certaine morale. La défaite, c'est d'abord l'échec personnel de Mr Valéry Giscard D'Estaing.
Un nouveau style. A l'incrédulité succède la perplexité. Avant le premier tour de l'élection présidentielle, peu de gouvernements croyaient possible que le pouvoir change de mains en France ; après le second, tous se demandent ce que le scrutin du 10 mai 1981 signifie. C'est essentiellement sur son programme économique et social que le président élu a fait campagne, et meme le débat télévisé n'a pas fait apparaitre de divergenses fondamentales sur la politique étrangère des deux candidats. Pourtant, toute politique est une, et ses aspects intérieurs et extérieurs sont indisociables. Aussi ce sont les socialistes d'europe occidentale au pouvoir ou dans l'opposition qui acceuillent la plus favorablement possible l'élection de Mr François Mitterrand. Cess derniers temps, ils n'avaient pas été gatés par le suffrage universel, et beaucoup espèrent que la victoire socialiste en France marquera un renversement de tendance. Pour ce qui est des relations étrangères et notamment est-ouest, beaucoup dépendra de la nature du nouveau pouvoir. Quel role joueront les communistes dans le nouveau gouvernement ? les superpuissances toutes deux conservatrices avaient manifestement souhaité le maintien du président en place, et redouteraient que le changement intervenu modifie l'équilibre Européen. mr Mitterrand a toujours souligné l'importance du tiers monde et de sproblèmes de développement. très certainement, le nouveau président tentera de réduire les aspects les poins ragoutants du commerce français, comme les ventes d'armes et ne prendra pas de gants avec l'Afrique du sud.
Il reste que la France, puissance moyenne, économiquement fragile, engagée dans un combat mondial, devra compter demain comme hier avec les réalités économiques et politiques. toute coopération avec le tiers monde coute cher au départ, meme si l'investissement est rentable à terme. le conflit Israélo arabe dresse sur la voie d ela coopération avec le monde arabe, et meme avec tout les tiers monde, un obstacle que l'enthousiasme qui a salué à Jérusalem la victoire de Mr Mitterrand n'est pas de nature a effacer. La géographie pour l'essentiel, l'histoire pour le reste, dictent la politique étrangère des états. La diplomatie est affaire de style, de volonté et de ténacité, d'ou résulte l'éfficacité. Le style de mr Mitterrand est très différent de celui de Mr giscard d'Estaing. Il a dans sa manière une générosité et une émotion que son prédecesseur a trop négligées. Quant à la volonté et à la ténacité, on peut faire confiance à un homme qui a mis seize ans à atteindre son but.
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Journal de naissance 1981